15
Adieu fillette

 

 

— Vous devez laisser à l’amour le temps de s’épanouir, seigneur, murmura Témigast à Féringal, après avoir attiré son jeune maître de l’autre coté du jardin, loin de Méralda, qui contemplait l’océan par-dessus le mur d’enceinte.

Il avait en effet surpris le jeune homme épris insister auprès de la paysanne pour qu’elle consente à l’épouser dès la semaine suivante. Troublée, la jeune femme se défendait régulièrement avec des excuses polies, mais son prétendant obstiné les balayait chacune aisément.

— Le temps de s’épanouir ? répéta-t-il, incrédule. Je suis en train de devenir fou de désir, je ne pense plus à rien d’autre qu’à Méralda !

Ce dernier mot ayant été prononcé plus fort que les précédents, les deux hommes virent Méralda se retourner, les sourcils froncés, et les regarder.

— C’est bien normal, chuchota l’intendant Témigast. Néanmoins, voyons si cela résiste à l’épreuve du temps. La persistance de tels sentiments est la véritable définition de l’amour, seigneur.

— Vous doutez encore de moi ? répondit Féringal, scandalisé.

— Non, seigneur, pas moi. Cependant, les villageois doivent voir votre union avec une femme du rang de Méralda comme le résultat d’un amour sincère et non d’un coup de folie.

Cette dernière phrase fit réfléchir le jeune noble, qui, quelque peu perturbé, posa les yeux sur sa promise, puis sur son domestique.

— De quoi sa réputation pourrait-elle souffrir si elle m’épouse ?

— Si ce mariage est trop vite conclu, alors les paysans imagineront qu’elle s’est servie de ruses féminines pour vous ensorceler, expliqua Témigast. Il vaudrait mieux pour elle, et de très loin, que vous vous contentiez d’afficher un amour honnête et respectueux à son égard au cours des semaines à venir. Nombreux seront ceux qui n’apprécieront pas cette union, seigneur, ne serait-ce que par jalousie. Vous devez donc dès à présent la protéger, la meilleure façon de le faire étant de prendre votre temps avant d’annoncer vos fiançailles.

— Combien de temps ? demanda le jeune et impatient seigneur.

— Il conviendrait d’attendre l’équinoxe de printemps, répondit Témigast, provoquant ainsi un nouveau regard horrifié de la part de son maître. Ce serait plus convenable.

— J’en mourrai ! gémit Féringal.

Voyant son seigneur à bout de nerfs, l’intendant proposa une solution :

— Nous pouvons organiser un rendez-vous avec une autre femme si vos désirs se font trop ardents.

Le seigneur Féringal secoua vigoureusement la tête.

— Impossible pour moi de m’imaginer dans les bras d’une autre.

Avec un sourire chaleureux, Témigast tapota l’épaule du jeune homme.

— C’est la bonne réponse pour un homme sincèrement amoureux, dit-il. Peut-être parviendrons-nous à fixer le mariage aux alentours du nouvel an.

Le visage de Féringal s’illumina, avant d’aussitôt se rembrunir.

— Cinq mois…, ronchonna-t-il.

— Songez à votre joie quand ce temps sera écoulé.

— Je ne pense à rien d’autre, lâcha tristement le seigneur.

— De quoi parliez-vous ? demanda Méralda quand Féringal la rejoignit près du mur, Témigast étant parti du jardin.

— Du mariage, bien sûr, répondit-il, avant de poursuivre, la voix teintée de doute. L’intendant Témigast estime qu’il nous faut attendre le nouvel an. D’après lui, l’amour est une chose qu’il faut laisser grandir, s’épanouir.

— C’est le cas, reconnut Méralda, soulagée et remerciant en pensée Témigast.

Féringal l’agrippa soudain et la pressa contre lui.

— Je ne crois pas une seule seconde que mon amour pour vous pourrait encore s’intensifier.

Sur ces mots, il l’embrassa et elle lui rendit son baiser, satisfaite de constater qu’il n’essayait pas d’aller plus loin, comme il en avait l’habitude ; il se contenta en effet de l’écarter avant de reprendre :

— Témigast dit qu’il faut que j’affiche mon respect pour vous. Afin de montrer aux villageois que notre amour est quelque chose de réel et durable. Ainsi, je patienterai. D’autre part, cela donnera à Priscilla le temps dont elle a besoin pour préparer cet événement. Elle m’a promis un mariage comme Auckney – et même le Nord – n’en a jamais connu.

Le sourire de Méralda était authentique car ce report lui convenait parfaitement ; il lui fallait du temps pour faire le tri entre les sentiments qu’elle éprouvait pour le seigneur Féringal et pour Jaka, mais aussi pour pleinement accepter sa décision et ses responsabilités. Elle était certaine de parvenir à affronter tout cela sans souffrir. Elle se savait capable d’épouser le seigneur Féringal et de devenir la dame d’Auckney pour le bien de sa mère et de sa famille. Peut-être cela ne serait-il pas si insupportable…

Elle se tourna vers Féringal, qui observait les vagues noires, et le considéra avec un soupçon d’affection, puis, impulsivement, elle passa un bras autour de la taille du seigneur et posa la tête sur son épaule, ce qui lui valut un sourire, chaste mais reconnaissant, de la part de son futur époux. Il n’ajouta rien, il n’essaya même pas de la toucher davantage. Méralda dut bien s’avouer que c’était… agréable.

 

* * *

 

— Dis-moi tout ! murmura Tori, qui se jeta sur le lit de sa sœur quand celle-ci fut enfin de retour, ce soir-là. T’a-t-il touchée ?

— Nous avons discuté et regardé les vagues, répondit évasivement Méralda.

— Alors, ça y est, tu l’aimes ?

Méralda regarda Tori. Aimait-elle le seigneur Féringal ? Non, elle pouvait répondre avec certitude que ce n’était pas le cas, en tout cas pas de la façon passionnée dont elle était éprise de Jaka, mais ce n’était peut-être pas très important pour le moment. Peut-être en viendrait-elle à aimer le généreux seigneur d’Auckney, qui n’était en outre pas laid, loin de là. À mesure que leur relation s’approfondissait et qu’ils se hasardaient plus loin que les tâtonnements désespérés de cet homme torturé, Méralda commençait à entrevoir ses nombreuses qualités, des qualités qui pouvaient tout à fait faire naître de l’amour.

— Tu n’aimes plus Jaka ? s’enquit Tori.

Le sourire satisfait de la jeune femme s’évanouit instantanément quand ce douloureux souvenir fut évoqué. Elle ne répondit pas et, pour une fois, Tori eut le bon sens de ne pas insister quand son aînée se retourna et se recroquevilla, tentant de son mieux de ne pas pleurer.

Ce fut une nuit agitée de rêves passionnés qui la laissèrent enchevêtrée dans ses couvertures. Malgré cela, elle s’éveilla de meilleure humeur le lendemain matin, d’autant plus quand, en entrant dans la pièce principale de la maison, elle entendit sa mère discuter avec Mme Gardener, une voisine parmi les plus fouineuses – cette petite gnome était pourvue d’un nez crochu à faire pâlir un vautour – à qui elle racontait joyeusement sa promenade dans le jardin du château.

— Mme Gardener nous a apporté des œufs, dit Biaste Ganderlay à sa fille, à qui elle désigna un poêlon rempli d’œufs brouillés. Sers-toi, je préfère ne pas me lever.

Méralda adressa un sourire à la généreuse gnome avant de s’approcher de la poêle. C’est alors que, de façon inexplicable, elle fut saisie d’un haut-le-cœur à la vue et à l’odeur des œufs, au point qu’elle fut contrainte de sortir en courant de la maison pour vomir derrière le petit buisson planté près de la porte.

— Tout va bien, jeune fille ? lui demanda Mme Gardener, aussitôt accourue.

Davantage surprise que réellement malade, Méralda se redressa.

— La nourriture trop riche du château, expliqua-t-elle. Je suis trop gâtée, là-bas, j’en ai peur.

— Tu t’y habitueras ! s’exclama la gnome en riant. Et tu deviendras grassouillette, à force de bien vivre et bien manger.

Méralda lui rendit son sourire et rentra dans la maison.

— Il faut tout de même que tu avales quelque chose, dit Mme Gardener en la poussant vers les œufs.

— Je crois qu’il faut que je me repose un peu, dit Méralda, dont l’estomac s’était de nouveau retourné à la seule pensée du contenu du poêlon.

Elle retourna donc dans sa chambre et entendit les deux paysannes évoquer son mal de ventre, Mme Gardener évoquant la nourriture trop riche. Biaste, pour qui ce genre de malaise n’était pas inconnu, espérait en avoir deviné la véritable nature.

De son côté, Méralda n’était sûre de rien. Elle se mit à réfléchir aux temps écoulés depuis sa dernière rencontre avec Jaka, deux ou trois semaines plus tôt. Il était vrai qu’elle n’avait pas eu ses règles depuis, cependant elle n’y avait guère songé, n’ayant jamais été très précise dans ce domaine…

Elle posa les mains sur son ventre, submergée d’autant de joie que de peur.

Elle fut de nouveau malade le lendemain matin, puis le suivant, mais elle parvint tout de même à dissimuler son état en évitant la vue et l’odeur des œufs. Elle se sentait mieux après avoir vomi le matin et n’était ensuite plus gênée, ce qui lui confirma qu’elle était bel et bien enceinte.

Dans ses rêves, l’idée de porter l’enfant de Jaka Sculi n’était pas si catastrophique ; elle s’imaginait mariée au jeune homme solitaire, vivant dans un château et se promenant avec lui dans les jardins, alors qu’en réalité sa situation était nettement plus terrifiante.

Elle avait trahi le seigneur d’Auckney et, pire encore, elle avait trahi sa famille. En se réservant une nuit pour elle, elle avait vraisemblablement condamné à mort sa mère et s’était donné une réputation de coureuse aux yeux de tout le village.

Les choses iraient-elles jusque-là ? Peut-être son père la tuerait-il quand il découvrirait la vérité – il l’avait battue pour bien moins que cela. Ou peut-être le seigneur Féringal la ferait-il défiler dans les rues du village afin que les fermiers puissent la conspuer, lui jeter des fruits pourris et lui cracher dessus. Peut-être encore, dans une crise de rage, lui arracherait-il son bébé de ses entrailles avant d’envoyer des soldats assassiner Jaka…

Et le bébé ? Comment les nobles d’Auckney traiteraient-ils le fruit du cocufiage de leur seigneur ? Méralda avait entendu des récits de telles situations, dans d’autres royaumes, qui évoquaient des menaces potentielles pour le trône et des meurtres d’enfant.

Une nuit, alors qu’elle était allongée dans son lit, ces cas de figure se mirent à tourner dans son esprit, ces affreuses éventualités, des événements trop horribles pour qu’elle puisse sincèrement les imaginer, trop effrayants pour qu’elle puisse honnêtement y faire face. Elle se leva et s’habilla sans un bruit, puis alla jeter un regard sur sa mère, qui dormait, confortablement blottie dans les bras de son père.

La mort dans l’âme, Méralda leur adressa silencieusement des excuses à tous les deux, puis s’échappa de la maison. C’était une nuit humide et venteuse. Consternée de ne pas trouver Jaka à l’endroit habituel, dans les champs qui surplombaient les habitations, la jeune femme se dirigea vers la maison du jeune paysan. Tout en tâchant de ne pas éveiller les parents de celui-ci, elle jeta quelques cailloux sur le rideau de sa fenêtre dépourvue de vitre.

Le morceau de tissu fut brusquement écarté et le séduisant visage de Jaka apparut dans l’ouverture.

— C’est moi, Méralda ! murmura-t-elle.

Le visage illuminé de surprise, l’adolescent tendit la main. Quand elle la prit, il l’attira près de lui, un grand sourire aux lèvres.

— Je dois te parler, lui dit-elle. Sors, s’il te plaît.

— Il fait meilleur ici, répondit Jaka, sur son habituel ton narquois nuancé de sous-entendus.

Consciente que ce n’était pas sage mais tremblant de froid, Méralda se précipita vers la porte et entra dans la maison. Jaka l’y retrouva aussitôt, torse nu et une bougie à la main. L’index sur les lèvres pour empêcher son amie de parler, il la prit par le bras et lui fit franchir en silence le rideau qui donnait sur sa chambre. Sans lui laisser le temps de s’expliquer, il se précipita sur elle, l’embrassa et la fit basculer avec lui sur le lit.

— Arrête ! siffla-t-elle en se dégageant. Il faut que nous parlions.

— Plus tard, dit Jaka, dont les mains parcouraient déjà le corps de la jeune femme.

Méralda roula jusqu’au rebord du lit et se releva.

— Maintenant ! C’est important.

Jaka se redressa, souriant toujours mais sans tenter une nouvelle approche.

— J’ai du retard, laissa-t-elle tomber d’un coup.

Le visage de Jaka se froissa, comme s’il ne saisissait pas.

— J’attends un enfant, reprit-elle, avec davantage de douceur. Ton enfant.

Elle ne lui aurait pas fait plus d’effet en le frappant avec une massue.

— Mais comment… ? bégaya-t-il après un long moment passé à trembler. Il n’y a eu qu’une seule fois…

— J’imagine qu’on a fait ce qu’il fallait, répliqua sèchement Méralda.

— Mais…, lâcha Jaka, avant de secouer la tête. Le seigneur Féringal ? Qu’allons-nous faire ? (Il marqua une nouvelle pause avant de la considérer durement.) Lui et toi, vous avez… ?

— Il n’y a eu que toi, répondit Méralda avec assurance. Ce fut la seule fois de ma vie.

— Qu’allons-nous faire ? répéta Jaka, qui faisait maintenant les cent pas dans sa chambre avec nervosité, agité comme Méralda ne l’avait encore jamais vu.

— Je pensais devoir épouser le seigneur Féringal, dit-elle en forçant son ami à se calmer. Pour le bien de ma famille, à défaut du mien, mais les choses ont aujourd’hui changé… (Elle le regarda droit dans les yeux.) Je ne peux tout de même pas entrer au château d’Auck en portant l’enfant d’un autre.

— Alors quoi ? demanda Jaka, qui semblait toujours totalement désespéré.

— Tu disais que tu me voulais, dit doucement Méralda, pleine d’espoir. Eh bien, me voici, de tout mon cœur et avec ce qui se trouve dans mon ventre.

— Le seigneur Féringal me tuera.

— Dans ce cas, ne restons pas ici. Tu pensais parcourir la côte des Épées, jusqu’à Luskan, puis Eauprofonde. C’est ce que nous ferons, c’est ce que je dois faire.

— Mais…, balbutia Jaka, que cette perspective ne paraissait pas enthousiasmer.

Il secoua plusieurs fois la tête, jusqu’au moment où Méralda se jeta dans ses bras pour le calmer.

— Je t’assure que c’est ce qu’il y a de mieux à faire, lui dit-elle. Tu es mon amour, comme je suis le tien, et le destin vient d’intervenir pour que nous nous retrouvions.

— C’est de la folie, répondit Jaka en la repoussant. Nous ne pouvons pas partir aussi facilement. Sans argent. Sans rien. Nous finirions par mourir sur la route avant même de nous être approchés de Luskan.

— Sans rien ? répéta Méralda, qui n’en croyait pas ses oreilles et commençait à comprendre que Jaka ne s’exprimait pas uniquement sous le choc de la révélation. Nous nous avons l’un l’autre. Nous avons notre amour et notre enfant à naître.

— Tu penses que ça suffira ? rétorqua le jeune homme, sur le même ton incrédule. Comment allons-nous vivre dans de telles circonstances ? Condamnés à la pauvreté, nous nous nourrirons de terre et élèverons notre enfant dans la boue !

— Quel autre choix avons-nous ?

— Nous ?

Jaka se mordit les lèvres aussitôt après avoir prononcé ce mot, se rendant compte trop tard qu’il n’avait pas été très intelligent de le prononcer à haute voix.

— Es-tu en train de me dire que tu m’as menti pour pouvoir coucher avec moi ? dit Méralda, refoulant ses larmes. Es-tu en train de me dire que tu ne m’aimes pas ?

— Ce n’est pas ce que j’ai dit, se défendit Jaka, qui la rassura d’une main sur l’épaule. Mais quelles seraient nos chances de survie ? Tu ne crois tout de même pas que l’amour nous suffirait ? Nous n’aurions ni nourriture ni argent, avec trois bouches à nourrir. Et qu’adviendra-t-il de nous quand tu seras devenue grosse et laide et que nous ne pourrons même plus faire l’amour pour nous réconforter ?

Méralda blêmit et s’écarta de Jaka, qui tenta de s’approcher d’elle mais elle se défendit en lui donnant une gifle.

— Tu disais que tu m’aimais !

— C’était vrai. C’est toujours vrai.

Elle secoua lentement la tête, plissant les yeux dans un accès de lucidité.

— Tu avais envie de moi mais tu ne m’as jamais aimée, dit-elle, la voix tremblante mais avec une détermination sans faille. Tu ne saisis même pas la différence, pauvre idiot.

Sur ces mots, elle sortit en courant de la maison. Jaka ne fit pas un geste pour la rattraper.

Méralda pleura toute la nuit sur le flanc de colline trempé par la pluie et ne rentra chez elle que tôt le matin suivant. Elle faisait désormais face à la vérité, quoi qu’il puisse se produire par la suite. Comme elle se sentait stupide de s’être offerte à Jaka Sculi ! Pour le restant de ses jours, lorsqu’elle songerait au moment où elle était devenue une femme et où elle avait abandonné son innocente vie de fillette, ce ne serait pas la nuit durant laquelle elle avait perdu sa virginité qui lui viendrait à l’esprit mais celle-ci, au cours de laquelle elle avait compris avoir donné son intimité la plus secrète à un homme égoïste, indifférent et superficiel. Non, pas un homme ; un garçon. Quelle idiote…

L'Épine Dorsale du Monde
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